Mattheo Riddle

On ne parle jamais des héritiers maudits tels que Mattheo, les enfants de monstres dont la simple évocation de leur nom suffit à faire fuir. Un nom qui effraie autant qu’il fascine, Riddle. Second fils du Seigneur des Ténèbres, Mattheo vit le jour moins d’un an après la naissance de son frère aîné, Thomas, fils légitime de son père et de son épouse Anastasia. Mattheo quant à lui, était le fils d’Edith, compagne non officielle de son père. Et, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, les deux femmes s’entendaient à merveille malgré la situation. Similaires sur certains points, elles avaient cette même envie, celle d’élever leurs fils dans un monde moins sombre que celui que leur offrait le Seigneur des Ténèbres.

 

Alors, quand Voldemort disparut après avoir tenté de tuer le petit Harry Potter le soir d’Halloween 1981, un certain soulagement s’empara des deux femmes. Tandis que la mort du couple Potter et la survie du petit Harry bouleversait le monde sorcier, la disparition du Seigneur des Ténèbres avait quant à elle secoué ses plus fidèles serviteurs. Malgré la disparition de leur maître, certains mages noirs avaient décidé de rester vivre au manoir Riddle, se disant qu’ils pourraient continuer son œuvre par le biais de ses fils. Courageuse et fière, Anastasia s’était à de nombreuses reprises opposée au fait que ces mages noirs restent sous son toit, et encore plus qu’ils s’occupent de l’éducation magique des enfants. Cependant, elle n’avait jamais réussi à les éloigner des garçons. Mattheo grandit alors entouré par les Mangemorts et sa famille, entre noirceur et petit rayon de lumière. Il n’avait aucune souvenirs de son père, tout ce qu’il connaissait de lui étaient les récits des Mangemorts, qui parlaient de lui comme on vénère un dieu.

 

Quelques années après la disparition du Seigneur des Ténèbres, sa femme Anastasia périt soudainement. Nul ne savait ce qu’il lui était arrivé ce jour-là, le seul témoin était Thomas, mais il ne se confia jamais sur ce qu’il avait vu. Beaucoup spéculèrent qu’un mage noir avec qui elle était en conflit avait perdu patience avant de la tuer. Après la mort d’Anastasia, Edith s’occupa de Thomas comme son propre fils. Elle qui n’était qu’une ombre douce et fragile, tenta de leur offrir amour et un semblant d’enfance normale malgré toute cette noirceur au milieu des anciens partisans de Voldemort. Ces derniers vouaient une obsession malsaine envers les enfants Riddle, surtout Thomas, en qui ils voyaient l’héritier parfait. Il fut alors éduqué pour régner un un héritage que lui-même ne désirait pas vraiment. Thomas était toujours un pas devant, Mattheo l’a longtemps admiré, puis jalousé et même haï.. Sans jamais cesser de l’aimer. Contrairement à lui, Thomas savait se faire écouter et imposer le silence sans lever la voix. Il avait cette force tranquille que Mattheo cherchait sans jamais la trouver. Et malgré leurs tensions, Thomas restait son seul repère stable, la seule personne capable d’apaiser ses tempêtes.

 

L’enfance de Mattheo fut rythmée par des professeurs particuliers triés sur le volet, qui enseignait davantage la discipline que la magie. Pas de jeux, pas de rires.. On apprenait, on se taisait, on s’endurcissait. La moindre faute était un échec, et la moindre émotion une faiblesse. Et s’il laissait transparaître l’un ou l’autre, il pouvait être sûr d’être puni. Les punitions étaient à la fois physiques et mentales, ça pouvait aller de l’enfermement dans une pièce minuscule plongée dans le noir à des sévices physiques. Mattheo n’en ressorti qu’avec traumas et cicatrices. La bibliothèque devint son refuge, non pas par passion des livres, mais parce que c’était un des rares endroits où il n’était pas constamment surveillé. C’est là qu’il y découvrit le dessin, un vieux carnet oublié sur un bureau, une plume usée, et un espace où il pouvait enfin déposer sa rage, sa solitude et ses cauchemars. Il griffonnait jusqu’à s’en faire mal à la main, mais au moins il se sentait un peu mieux.

 

Les années ont passé, et lorsque Mattheo reçu à son tour sa lettre de Poudlard, il ne ressentit rien. Ni excitation, ni joie, juste un éloignement provisoire de ce lieu infernal. Il ne rêvait pas du château, ni de se faire des amis, et encore moins de festins ou balais volants. Il voulait juste partir afin de respirer sans crainte, même si ça voulait dire abandonner sa mère avec ces monstres le temps d’une année. Lorsqu’il monta dans le Poudlard Express pour la première fois, Mattheo se fit une promesse simple : « Je ne serai jamais comme lui. » Pas comme son père, pas comme cette ombre, ce monstre qu’il souhaitait ne jamais connaître. Mais ce genre de promesse, quand on porte le nom et le sang du Seigneur des Ténèbres, est peut-être la plus difficile à tenir.

 

A Poudlard, tout le monde connaissait leur nom, Riddle, murmuré dans les couloirs comme un sort interdit. Fils cadet de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, Mattheo n’a jamais eu besoin de prononcer le moindre mot pour que les regards se tournent vers lui. Ce n’était pas de l’admiration qu’on voyait dans le regard des autres, c’était de la peur, et il s’y était habitué.

 

Évidemment, Mattheo avait été envoyé chez les Serpentard. Là, entouré de descendants de familles anciennes et d’adolescents tout aussi tourmentés que lui, Mattheo trouva enfin une sorte d’équilibre, maladroit mais réel. Ses camarades le respectaient, certains par loyauté à son nom, d’autres par peur. Il apprit à s’en servir, la peur lui offrait une tranquillité qu’il n’avait jamais connue. Avec ses proches, Draco, Blaise, Pansy, Lorenzo et surtout Théodore, ils formaient un cercle soudé. Puis vint Naéva, transférée de Beauxbâtons en cinquième année. Elle fut la première à ne pas baisser les yeux devant à lui, à ne pas trembler quand il approche, et surtout à voir autre chose que le nom Riddle.

 

Mattheo n’était pas du genre à vouloir chercher l’attention, et encore moins la pitié. Mais il y avait quelque chose d’indomptable en lui, une colère qu’il ne contrôlait pas toujours et qui attirait le regard des plus curieux. Il se battait souvent, et finissait en retenue encore plus. Et pourtant, il restait un élève brillant dans des matières qu’il appréciait : potion et métamorphose. On dit beaucoup de choses sur Mattheo, qu’il est dangereux et qu’il finira comme son père.. Mais ceux qui prennent le temps de le regarder réellement comprennent autre chose. Ce garçon n’est pas né monstre, et il se bat chaque jour pour ne pas en devenir un.